Musée Jean de La Fontaine

Château-Thierry

Découvrir le muséeSa vie, son œuvreActualités
En pratique
En pratique

Horaires, tarifs et accès

Tarifs des visites

Visites guidées

Réservations de groupes

Boutique

Nous contacter

Histoire de la maison
Parcours de visite
Les collections
L’Association pour le musée
Fables
Contes
Biographie de Jean de La Fontaine
Espace enfants
La Fontaine en vidéo
FERMETURE POUR TRAVAUX
Restauration du Jardin de l’Amour
Appel aux dons
Parcours visuel et sonore Musair
En direct des réseaux sociaux (…)
Agenda du musée
Évènements passés
 

Fables :
Aigle (L’), La Haie, la Chatte

Livre III, Fable VI

L’Aigle avait ses Petits au haut d’un arbre creux,

La Laie au pied, la Chatte entre les deux ;

Et sans s’incommoder, moyennant ce partage,

Mères et Nourrissons faisaient leur tripotage [1]

La Chatte détruisit par sa fourbe l’accord.

Elle grimpa chez l’Aigle, et lui dit : Notre mort

Au moins [2] de nos enfants, car c’est tout un aux mères

Ne tardera possible [3] guères.

Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment

Cette maudite Laie, et creuser une mine ?

C’est pour déraciner le chêne assurément,

Et de nos Nourrissons attirer la ruine.

L’arbre tombant ils seront dévorés :

Qu’ils s’en tiennent pour assurés.

S’il m’en restait un seul, j’adoucirais ma plainte.

Au partir de ce lieu, qu’elle remplit de crainte,

La perfide descend tout droit

À l’endroit

Où la Laie était en gésine [4]

Ma bonne amie et ma voisine,

Lui dit-elle tout bas, je vous donne un avis.

L’Aigle, si vous sortez, fondra sur vos Petits :

Obligez-moi de n’en rien dire ;

Son courroux tomberait sur moi.

Dans cette autre famille ayant semé l’effroi,

La Chatte en son trou se retire.

L’Aigle n’ose sortir, ni pourvoir aux besoins

De ses Petits ; la Laie encore moins :

Sottes de ne pas voir que le plus grand des soins,

Ce doit être celui d’éviter la famine.
 [5]
À demeurer chez soi l’une et l’autre s’obstine

Pour secourir les siens dedans l’occasion :

L’Oiseau royal, en cas de mine,

La Laie, en cas d’irruption.

La faim détruisit tout : il ne resta personne,

De la Gent marcassine et de la Gent aiglonne,

Qui n’allât de vie à trépas :

Grand renfort pour Messieurs les Chats.

Que ne sait point ourdir une langue traîtresse

Par sa pernicieuse adresse !

Des malheurs qui sont sortis

De la boîte de Pandore [6]

Celui qu’à meilleur droit tout l’univers abhorre,

C’est la fourbe [7] à mon avis

[1assemblage disparate puis a désigné de petits arrangements, notamment domestiques

[2du moins de nos enfants

[3peut-être

[4en train d’accoucher

[5en cas de siège militaire on creuse une mine et le rempart s’écroule

[6Façonnée à l’image des déesses, elle est envoyée par Zeus comme châtiment aux hommes à qui Prométhée avait apporté le feu dérobé au Ciel. Hermès lui donne la ruse et la fourberie, la parole séduisante et l’art de tromper. De la boîte de Pandore s’échappèrent toutes les misères humaines ; seule l’espérance y demeura enfermée.

[7la fourberie