Musée Jean de La Fontaine

Château-Thierry

Découvrir le muséeSa vie, son œuvreActualités
En pratique
En pratique

Horaires, tarifs et accès

Tarifs des visites

Visites guidées

Réservations de groupes

Boutique

Nous contacter

Histoire de la maison
Parcours de visite
Les collections
L’Association pour le musée
Fables
Contes
Biographie de Jean de La Fontaine
Espace enfants
La Fontaine en vidéo
FERMETURE POUR TRAVAUX
Restauration du Jardin de l’Amour
Appel aux dons
Parcours visuel et sonore Musair
En direct des réseaux sociaux (…)
Agenda du musée
Évènements passés
 

Fables :
Chat (Le) et un vieux Rat

Livre III, Fable 18

J’ai lu, chez un conteur de fables,

Qu’un second[Rodilard, [1] l’Alexandre des Chats, [2]

L’Attila, le fléau des rats, [3]

Rendait ces derniers misérables. [4]

J’ai lu, dis-je, en certain auteur,

Que ce chat exterminateur, [5]

Vrai Cerbère, [6] était craint une lieue à la ronde :

Il voulait de Souris dépeupler tout le monde.

Les planches qu’on suspend sur un léger appui,

La mort-aux-Rats, les souricières,

N’étaient que jeux au prix de lui.

Comme il voit que dans leurs tanières

Les Souris étaient prisonnières,

Qu’elles n’osaient sortir, qu’il avait beau chercher,

Le Galand fait le mort, et du haut d’un plancher [7]

Se pend la tête en bas. La Bête scélérate

À de certains cordons se tenait par la patte.

Le peuple des Souris croit que c’est châtiment ;

Qu’il a fait un larcin de rôt ou de fromage,

Egratigné quelqu’un, causé quelque dommage ;

Enfin qu’on a pendu le mauvais Garnement.

Toutes, dis-je, unanimement

Se promettent de rire à son enterrement,

Mettent le nez à l’air, montrent un peu la tête,

Puis rentrent dans leurs nids à Rats,

Puis ressortant font quatre pas,

Puis enfin se mettent en quête.

Mais voici bien une autre fête :

Le pendu ressuscite ; et sur ses pieds tombant,

Attrape les plus paresseuses.

Nous en savons plus d’un, dit-il en les gobant :

C’est tour de vieille guerre ; et vos cavernes creuses

Ne vous sauveront pas ; je vous en avertis ;

Vous viendrez toutes au logis.

Il prophétisait vrai : notre maître Mitis

Pour la seconde fois les trompe et les affine,

Blanchit sa robe et s’enfarine ;

Et de la sorte déguisé,

Se niche et se blottit dans une huche ouverte.

Ce fut à lui bien avisé :

La Gent trotte-menu s’en vient chercher sa perte.

Un Rat sans plus s’abstient d’aller flairer autour.

C’était un vieux routier ; il savait plus d’un tour ;

Même il avait perdu sa queue à la bataille.

Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,

S’écria-t-il de loin au Général des Chats :

Je soupçonne dessous encor quelque machine.

Rien ne te sert d’être farine ;

Car quand tu serais sac, je n’approcherais pas.

C’était bien dit à lui ; j’approuve sa prudence.

Il était expérimenté,

Et savait que la méfiance

Est mère de la sûreté.

[1on trouve ce nom chez Rabelais. Chez La Fontaine,
ce nom était déjà utilisé dans " Conseil tenu par les rats

[2référence à Alexandre Le Grand ....burlesque voulu !

[3Attila était le fléau des dieux

[4dignes de pitié

[5Alexandre, Attila, voici l’ange exterminateur !

[6dans l’antiquité, Cerbère était un chien à 3 têtes qui
gardait les Enfers. Voici ce qualificatif appliqué à notre
chat !

[7le même mot indique ce sur quoi on marche et ce
qui est au-dessus de la tête. Ici, c’est le plafond.