Musée Jean de La Fontaine

Château-Thierry

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Fables :
Chat (Le) la Belette et le petit Lapin

Le Chat, la Belette et le petit Lapin

Livre VII, fable 15

Du palais d’un jeune Lapin

Dame Belette un beau matin

S’empara ; c’est une rusée.

Le Maître étant absent, ce lui fut chose aisée.

Elle porta chez lui ses pénates [1] un jour

Qu’il était allé faire à l’Aurore sa cour,

Parmi le thym et la rosée.

Après qu’il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,

Janot Lapin retourne aux souterrains séjours.

La Belette avait mis le nez à la fenêtre.

Ô Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ?

Dit l’animal chassé du paternel logis :

Ô là, Madame la Belette,

Que l’on déloge sans trompette [2],

Ou je vais avertir tous les rats du pays.

La Dame au nez pointu répondit que la terre

Etait au premier occupant.

C’était un beau sujet de guerre

Qu’un logis où lui-même il n’entrait qu’en rampant.

Et quand ce serait un Royaume

Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi

En a pour toujours fait l’octroi [3]

A Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,

Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi.

Jean Lapin allégua la coutume et l’usage [4].

Ce sont, dit-il, leurs lois qui m’ont de ce logis

Rendu maître et seigneur, et qui de père en fils,

L’ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean transmis.

Le premier occupant est-ce une loi plus sage ?

Or bien sans crier davantage,

Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis. [5]

C’était un chat vivant comme un dévot ermite,

Un chat faisant la chattemite, [6]

Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,

Arbitre expert sur tous les cas.

Jean Lapin pour juge l’agrée.

Les voilà tous deux arrivés

Devant sa majesté fourrée.

Grippeminaud [7] leur dit : Mes enfants, approchez,

Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause.

L’un et l’autre approcha ne craignant nulle chose.

Aussitôt qu’à portée il vit les contestant,

Grippeminaud le bon apôtre

Jetant des deux côtés la griffe en même temps,

Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre.

Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois

Les petits souverains se rapportant aux Rois.

[1les pénates, dans la mythologie romaine étaient les divinités du foyer. Familièrement : maison, foyer.

[2que l’on se sauve rapidement. L’origine de l’expression est militaire : lever le camp sans bruit

[3privilège accordé par le roi

[4il prétexte ce qui est pratiqué dans certains pays, donc la loi et la possession : il occupe effectivement son logis.

[5nom utilisé déjà chez Rabelais, chez Voiture....

[6qui fait l’humble, le dévot, l’hypocrite, pour mieux tromper les autres (Furetière)

[7archiduc des chats fourrés chez Rabelais