Château-Thierry
Livre VI, fable 16
En ce monde il se faut l’un l’autre secourir.
Si ton voisin vient à mourir,
C’est sur toi que le fardeau tombe.
Un Âne accompagnait un Cheval peu courtois,
Celui-ci ne portant que son simple harnois,
Et le pauvre Baudet si chargé qu’il succombe.
Il pria le Cheval de l’aider quelque peu :
Autrement il mourrait devant qu’être [1] à la ville.
La prière, dit-il, n’en est pas incivile : [2]
Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu.
Le Cheval refusa, fit une pétarade ; [3]
Tant qu’il vit sous le faix mourir son camarade,
Et reconnut qu’il avait tort.
Du Baudet, en cette aventure,
On lui fit porter la voiture, [4]
Et la peau par-dessus encor.
(1)
(2) impolie
(3)
(4)