Château-Thierry
C’est du séjour des dieux que les abeilles viennent.
Les premières, dit-on, s’en allèrent loger
Au mont Hymette, et se gorger
Des trésors qu’en ce lieu les zéphyrs entretiennent.
Quand on eut des palais de ces filles du Ciel
Enlevé l’ambroisie [1] en leurs chambres enclose,
Ou, pour dire en français la chose,
Après que les ruches sans miel
N’eurent plus que la cire, on fit mainte bougie ;
Maint cierge aussi fut façonné.
Un d’eux voyant la terre en brique au feu durcie
Vaincre l’effort des ans, il eut la même envie ;
Et, nouvel Empédocle aux flammes condamné
Par sa propre et pure folie,
Il se lança dedans. Ce fut mal raisonné ;
Ce Cierge ne savait grain de philosophie.
Tout en tout est divers : ôtez-vous de l’esprit
Qu’aucun être ait été composé sur le vôtre.
L’Empédocle de cire au brasier se fondit :
Il n’était pas plus fou que l’autre.
[1] La nourriture des dieux : ici, le miel