Musée Jean de La Fontaine

Château-Thierry

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Fables :
Jupiter et les tonnerres

Livre VIII, Fable XX

Jupiter, voyant nos fautes,

Dit un jour, du haut des airs
 :
Remplissons de nouveaux hôtes

Les cantons de l’univers

Habités par cette race

Qui m’importune et me lasse.

Va-t’en, Mercure, [1] aux Enfers :

Amène-moi la Furie [2]

La plus cruelle des trois.

Race que j’ai trop chérie,

Tu périras cette fois.

Jupiter ne tarda guère

modérer son transport.

Ô vous, Rois, qu’il voulut faire

Arbitres de notre sort,

Laissez, entre la colère

Et l’orage qui la suit,

L’intervalle d’une nuit.

Le Dieu dont l’aile est légère,

Et la langue a des douceurs,

Alla voir les noires sœurs.

A Tisiphone et Mégère

Il préféra, ce dit-on,

L’impitoyable Alecton.

Ce choix la rendit si fière,

Qu’elle jura par Pluton

Que toute l’engeance humaine

Serait bientôt du domaine

Des Déités de là-bas. [3]

Jupiter n’approuva pas

Le serment de l’Euménide.

Il la renvoie, et pourtant

Il lance un foudre à l’instant

Sur certain peuple perfide.

Le tonnerre, ayant pour guide

Le père même de ceux

Qu’il menaçait de ses feux,

Se contenta de leur crainte ;

Il n’embrasa que l’enceinte

D’un désert inhabité :

Tout père frappe à côté.

Qu’arriva-t-il ? Notre engeance

Prit pied sur cette indulgence.

Tout l’Olympe s’en plaignit ;

Et l’assembleur de nuages [4]

Jura le Styx, [5] et promit

De former d’autres orages ;

Ils seraient sûrs. On sourit :

On lui dit qu’il était père,

Et qu’il laissât pour le mieux

A quelqu’un des autres Dieux

D’autres tonnerres à faire.

Vulcan [6] entreprit l’affaire.

Ce Dieu remplit ses fourneaux

De deux sortes de carreaux. [7]

L’un jamais ne se fourvoie ,

Et c’est celui que toujours

L’Olympe en corps nous envoie.

L’autre s’écarte en son cours ;

Ce n’est qu’aux monts qu’il en coûte :

Bien souvent même il se perd,

Et ce dernier en sa route

Nous vient du seul Jupiter.

[1Le messager de Jupiter

[2Les Furies étaient les divinités du monde infernal dans la religion romaine, très tôt assimilées aux Erinyes grecques, divinités de la vengeance, filles de Gaïa et d’Ouranos (Mégère, Alecto et Tisiphone). Les Erinyes, à la suite du procès acquittant Oreste, devinrent les Euménides (les Bienveillantes auxquelles un culte fut rendu à Athènes)

[3l’engeance humaine serait bientôt sous l’autorité du domaine des Enfers

[4Formule homérique

[5Le serment par le Styx (fleuve des Enfers) est le plus terrible des serments des dieux.

[6Vulcain

[7Grosses pierres lancées dans les villes assiégées. Aussi une arme de trait ou flèche carrée qu’on tire avec une arbalète)