Château-Thierry
Le Lion, terreur des forêts,
Chargé d’ans, et pleurant son antique prouesse, [1]
Fut enfin attaqué par ses propres sujets
Devenus forts par sa faiblesse.
Le Cheval s’approchant lui donne un coup de pied,
Le Loup, un coup de dent ; le Bœuf, un coup de corne.
Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne,
Peut à peine rugir, par l’âge estropié. [2]
Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes,
Quand, voyant l’Âne même à son antre accourir : [3]
Ah ! c’est trop, lui dit-il, je voulais bien mourir
Mais c’est mourir deux fois que souffrir tes atteintes.