Musée Jean de La Fontaine

Château-Thierry

Découvrir le muséeSa vie, son œuvreActualités
En pratique
En pratique

Horaires, tarifs et accès

Tarifs des visites

Visites guidées

Réservations de groupes

Boutique

Nous contacter

Histoire de la maison
Parcours de visite
Les collections
L’Association pour le musée
Fables
Contes
Biographie de Jean de La Fontaine
Espace enfants
La Fontaine en vidéo
FERMETURE POUR TRAVAUX
Restauration du Jardin de l’Amour
Appel aux dons
Parcours visuel et sonore Musair
En direct des réseaux sociaux (…)
Agenda du musée
Évènements passés
 

Fables :
Loup (Le) et les bergers

Livre X, Fable V

Un Loup rempli d’humanité

(S’il en est de tels dans le monde)

Fit un jour sur sa cruauté,

Quoiqu’il ne l’exerçât que par nécessité,

Une réflexion profonde.

Je suis haï, dit-il, et de qui ? De chacun.

Le Loup est l’ennemi commun :

Chiens, chasseurs, villageois, s’assemblent pour sa perte.

Jupiter est là-haut étourdi de leurs cris ;

C’est par là que de loups l’Angleterre est déserte : [1]

On y mit notre tête à prix.

Il n’est hobereau [2] qui ne fasse

Contre nous tels bans [3] publier ;

Il n’est marmot osant crier

Que du Loup aussitôt sa mère ne menace.

Le tout pour un Âne rogneux, [4]

Pour un Mouton pourri, [5] pour quelque Chien hargneux,

Dont j’aurai passé mon envie.

Et bien, ne mangeons plus de chose ayant eu vie ;

Paissons l’herbe, broutons ; mourons de faim plutôt.

Est-ce une chose si cruelle ?

Vaut-il mieux s’attirer la haine universelle ?

Disant ces mots il vit des Bergers pour leur rôt

Mangeants un agneau cuit en broche.

Oh, oh, dit-il, je me reproche

Le sang de cette gent. Voilà ses Gardiens

S’en repaissants eux et leurs Chiens ;

Et moi, Loup, j’en ferai scrupule ?

Non, par tous les Dieux. Non. Je serais ridicule.

Thibaut l’Agnelet passera [6]

Sans qu’à la broche je le mette ;

Et non seulement lui, mais la mère qu’il tette,

Et le père qui l’engendra.

Ce Loup avait raison. Est-il dit qu’on nous voie

Faire festin de toute proie,

Manger les animaux, et nous les réduirons

Aux mets de l’âge d’or autant que nous pourrons ?

Ils n’auront ni croc [7] ni marmite ?

Bergers, bergers, le loup n’a tort

Que quand il n’est pas le plus fort :

Voulez-vous qu’il vive en ermite ?

[1Les loups d’Angleterre avaient été massacrés au Xe siècle, les princes gallois ayant exigé trois cents têtes de loup pour tribut, au lieu d’argent...

[2Petit gentilhomme campagnard

[3Publications de bannissement

[4galeux

[5"atteint du pourri", maladie spécifique des moutons.

[6Il y passera, je le dévorerai

[7Crochets à suspendre la viande