Musée Jean de La Fontaine

Château-Thierry

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Fables :
Membres (Les) et l’estomac

Livre III, Fable II

Je devais par la royauté

Avoir commencé mon ouvrage :

À la voir d’un certain côté,

Messer Gaster [1] l’expression vient de Rabelais (Quart Livre chap. 57)en est l’image.

S’il a quelque besoin, tout le corps s’en ressent.

De travailler pour lui les Membres se lassant,

Chacun d’eux résolut de vivre en gentilhomme,

Sans rien faire, alléguant l’exemple de Gaster.

Il faudrait, disaient-ils, sans nous, qu’il vécût d’air.

Nous suons, nous peinons, comme bêtes de somme ;

Et pour qui ? Pour lui seul, nous n’en [2] profitons pas ;

Notre soin n’aboutit qu’à fournir ses repas.

Chommons, c’est un métier [3] qu’il veut nous faire apprendre.

Ainsi dit, ainsi fait. Les Mains cessent de prendre,

Les Bras d’agir, les Jambes de marcher.

Tous dirent à Gaster qu’il en [4] allât chercher.

Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent.

Bientôt les pauvres gens tombèrent en langueur ;

Il ne se forma plus de nouveau sang au cœur :

Chaque Membre en souffrit : les forces se perdirent ;

Par ce moyen, les Mutins virent

Que celui qu’ils croyaient oisif et paresseux,

A l’intérêt commun contribuait plus qu’eux.

Ceci peut s’appliquer à la grandeur royale :

Elle reçoit et donne, et la chose est égale.

Tout travaille pour elle, et réciproquement

Tout tire d’elle l’aliment.

Elle fait subsister l’Artisan de ses peines,

Enrichit le Marchand, gage le Magistrat,

Maintient [5] le Laboureur, donne paye au Soldat,

Distribue en cent lieues ses grâces souveraines ;

Entretient seule tout l’Etat.

Ménénius le sut bien dire.

La Commune [6] s’allait séparer du Sénat :

Les mécontents disaient qu’il avait tout l’empire,

Le pouvoir, les trésors, l’honneur, la dignité ;

Au lieu que tout le mal était de leur côté,

Les tributs, les impôts, les fatigues de guerre.

Le peuple hors des murs était déjà posté.

La plupart s’en allaient chercher une autre terre,

Quand Ménénius leur fit voir

Qu’ils étaient aux Membres semblables,

Et par cet apologue, insigne entre les fables,

Les ramena dans leur devoir. [7]

[2nous ne profitons ni de cette sueur ni de cette peine

[3(chômons) chômage est métier ! antithèse comique de L.F.

[4de la nourriture

[5maintenir : donner secours et protection

[6la plèbe

[7ainsi se rétablit la paix...comme cela est annoncé en introduction
...La boucle est fermée !