Château-Thierry
Le Pot de fer proposa
Au Pot de terre un voyage.
Celui-ci s’en excusa,
Disant qu’il ferait que sage [1]
De garder le coin du feu ;
Car il lui fallait si peu,
Si peu, que la moindre chose
De son débris serait cause. [2]
Il n’en reviendrait morceau.
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le Pot de fer.
Si quelque matière dure
Vous menace d’aventure,
Entre deux je passerai, [3]
Et du coup vous sauverai.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.
Mes gens s’en vont à trois pieds,
Clopin-clopant comme ils peuvent,
L’un contre l’autre jetés,
Au moindre hoquet [4] qu’ils treuvent. [5]
Le pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pas
Que par son Compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu’il eût lieu de se plaindre .
Ne nous associons qu’avec que nos égaux ;
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d’un de ces Pots.