Musée Jean de La Fontaine

Château-Thierry

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Fables :
Vieillard (Le) et les trois jeunes hommes

Livre IV, Fable VIII
LE VIEILLARD ET LES TROIS JEUNES HOMMES

Un octogénaire plantait. [1]

Passe encor de bâtir ; mais planter à cet âge !

Disaient trois Jouvenceaux, enfants du voisinage ;

Assurément il radotait.

Car au nom des Dieux, je vous prie,

Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ?

Autant qu’un patriarche il vous faudrait vieillir.

À quoi bon charger votre vie

Des soins d’un avenir qui n’est pas fait pour vous ?

Ne songez désormais qu’à vos erreurs passées :

Quittez le long espoir et les vastes pensées ;

Tout cela ne convient qu’à nous.

Il ne convient pas à vous-mêmes,

Repartit le Vieillard. Tout établissement [2]

Vient tard et dure peu. La main des Parques blêmes

De vos jours et des miens se joue également.

Nos termes [3] sont pareils par leur courte durée.

Qui de nous des clartés de la voûte azurée

Doit jouir le dernier ? Est-il aucun moment

Qui vous puisse assurer d’un second seulement ?

Mes arrière-neveux me devront cet ombrage :

Hé bien défendez-vous au Sage

De se donner des soins pour le plaisir d’autrui ?

Cela même est un fruit que je goûte aujourd’hui :

J’en puis jouir demain, et quelques jours encore ;

Je puis enfin compter l’aurore

Plus d’une fois sur vos tombeaux.

Le Vieillard eut raison ; l’un des trois Jouvenceaux

Se noya dès le port allant à l’Amérique.

L’autre, afin de monter aux grandes dignités,

Dans les emplois de Mars servant la République, [4]

Par un coup imprévu vit ses jours emportés.

Le troisième tomba d’un arbre

Que lui-même il voulut enter ; [5]

Et pleurés du Vieillard, il grava sur leur marbre

Ce que je viens de raconter.

[1faisait planter

[2tout ce que l’homme établit

[3les limites de notre existence

[4l’Etat

[5greffer