Les Fables de Jean de La Fontaine
Enfant (L’) et le maître d’école
Dans ce récit je prétends faire voir
D'un certain Sot la remontrance vaine.
Un jeune Enfant dans l'eau se laissa choir,
En badinant [[en jouant]] sur les bords de la Seine.
Le Ciel permit qu'un saule se trouva
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
S'étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,
Par cet endroit passe un Maître d'école ;
L'enfant lui crie : Au secours, je péris.
Le Magister, [[maître d'école de village, qui enseigne à lire aux jeunes
paysans (dict. de Furetière)]] se tournant à ses cris,
D'un ton fort grave à contretemps s'avise
De le tancer [[gronder]] : Ah le petit Babouin ! [[garnement, enfant qui mérite des réprimandes (dict. du
français classique : XVIIème)]]
Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise !
Et puis, prenez de tels fripons le soin.
Que les parents sont malheureux, qu'il faille
Toujours veiller à semblable canaille ! [[péjoratif : jeune enfant (source id. 4)]]
Qu'ils ont de maux ! et que je plains leur sort !
Ayant tout dit, il mit l'Enfant à bord. [[il le tira de l'eau]]
Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense.
Tout babillard, tout censeur [[celui qui reprend, qui critique avec malveillance( souce id. 4)]], tout pédant, [[maître d'école, précepteur (source id. 4)]]
Se peut connaître au discours que j'avance :
Chacun des trois fait un peuple fort grand ;
Le Créateur en a béni l'engeance. [[l'a fait prospérer et multiplier]]
En toute affaire ils ne font que songer
Aux moyens d'exercer leur langue.
Hé mon ami, tire-moi de danger ;
Tu feras après ta harangue.