Oreilles (Les) du Lièvre

Un animal cornu blessa de quelques coups [[ motivation de la décision du lion]]

Le lion, qui plein de courroux,

Pour ne plus tomber en la peine,

Bannit des lieux de son domaine [[motivation]]

Toute bête portant des cornes à son front.

Chèvres, Béliers, Taureaux aussitôt délogèrent,

Daims et Cerfs de climat changèrent ; [[changèrent de pays]]

Chacun à s'en aller fut prompt.

Un lièvre, apercevant l'ombre de ses oreilles,

Craignit que quelque Inquisiteur [["un des juges établi pour connaître des hérétiques"(Richelet). La Fontaine songe à un tribunal ecclésiastique.(G. Couton, Fables, Garnier)]]

N'allât interpréter à cornes leur longueur,

Ne les soutînt en tout à des cornes pareilles.

Adieu, voisin grillon, dit-il, je pars d'ici.

Mes oreilles enfin seraient cornes aussi ;

Et quand je les aurais plus courtes qu'une Autruche,

Je craindrais même encor. Le Grillon repartit :

Cornes cela ? Vous me prenez pour cruche ;

Ce sont oreilles que Dieu fit. [[et ce que Dieu fait ne peut être hérétique...]]

On les fera passer pour cornes,

Dit l'animal craintif, et cornes de Licornes.

J'aurai beau protester ; mon dire et mes raisons

Iront aux Petites-Maisons. [[hôpital réservé aux malades mentaux. L'expression était dans le domaine du proverbe. Ici : seront taxées de folie]]