Les Fables de Jean de La Fontaine
Vieux (Le) Chat et la jeune Souris
Une jeune Souris, de peu d'expérience,
Crut fléchir un vieux Chat implorant sa clémence,
Et payant de raisons le Raminagrobis :
Laissez-moi vivre : une Souris
De ma taille et de ma dépense
Est-elle à charge en ce logis?
Affamerais-je, à votre avis,
L'Hôte, l'Hôtesse, et tout leur monde ?
D'un grain de blé je me nourris ;
Une noix me rend toute ronde.
A présent je suis maigre ; attendez quelque temps
Réservez ce repas à Messieurs vos Enfants.
Ainsi parlait au Chat la souris attrapée.
L'autre lui dit : Tu t'es trompée :
Est-ce à moi que l'on tient de semblables discours ?
Tu gagnerais autant à parler à des sourds.
Chat et vieux pardonner ? cela n'arrive guères.
Selon ces lois descends là-bas [[ chez les morts]],
Meurs, et va-t-en tout de ce pas,
Haranguer les sœurs Filandières [[les Parques, donc la Mort]] :
Mes Enfants trouveront assez d'autres repas."
Il tint parole [[avec un goût parfait, L.F. sait arrêter son conte
à temps, sur une pointe évocatrice qu'il n'est pas
nécessaire d'expliciter. "Il tint parole" suffit à faire
comprendre au lecteur que le vieux chat croque la souris"]] ; et, pour ma fable,
Voici le sens moral qui peut y convenir :
La jeunesse se flatte [[s'illusionne]], et croit tout obtenir ;
La vieillesse est impitoyable.